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Créatures

Une pièce d’Eric Beauvillain


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Un pauvre laboratoire de recherche, dans une cave, un bureau, quelque chose que l’on sent sans moyen. Des éprouvettes pleines de liquides divers et colorés ( quelque chose de pastel ), des bocaux aux contenances diverses, des accessoires de chercheur…
Sur le bureau, des papiers en pagaille, des crayons, un pot à crayons vide, un carnet…
Proprette entre, regarde le bazar, soupire, range les récipients, bien en ordre. Elle fait un tas avec les feuilles qu’elle enfouit dans un tiroir, range le carnet dans un autre, époussette deux trois objets, regarde le résultat d’un œil satisfait et sort.
Peu de temps après, Xavier entre.


Xavier : Ce n’est pas vrai ! Elle a recommencé ! C’est plus possible, il faut qu’elle arrête !


Il fouille, trouve ses feuilles qu’il étale sur son bureau, exactement comme avant. Il cherche son carnet, rouspète, le trouve, cherche sa page…


Xavier : Alors… J’en étais… Ah ! Oui…


Il prend un crayon, le mâchonne, écrit quelque chose. Mamour entre.


Mamour : Tu es là, choupinet ?

Xavier : Oui…

Mamour : Je te cherchais !

Xavier : Bon, je suis là, tu m’as trouvé, laisse-moi tranquille.


Elle s’approche, le caresse, lui ébouriffe les cheveux, le fait bouger…


Mamour : Choupinet… On fait un câlin ?

Xavier : Non !

Mamour : Mais choupinet, j’ai envie que tu me fasses un câlin, j’en ai assez d’être toute seule…

Xavier : Non.

Mamour : Juste un calinounet, un petit comme ça, on se mettrait dans un fauteuil…

Xavier : Non, je te dis !

Mamour : Tu devrais installer un fauteuil ici, un gros, bien moelleux, on se mettrait dedans, on ferait des câlins quand on veut comme ça, on n’aurait pas besoin d’aller…

Xavier : Je travaille, là !

Mamour : Mais tu travailles toujours, on n’a jamais de temps pour nous, je ne te vois jamais…

Xavier : Arrête de me faire bouger bon sang !

Mamour : Tu n’aimerais pas, un jour, qu’on aille faire une balade dans les bois ? On irait bras dessus, bras dessous, serrés l’un contre l’autre…

Xavier : C’est ça, un jour…

Mamour : On pourrait même pique-niquer ! Et dormir à la belle étoile ! Je me blottirais contre toi et tu m’apprendrais les constellations.

Xavier : Oui, oui, c’est ça…

Mamour (se serrant contre Xavier) : C’est vrai ? Ça te plairait ?

Xavier : Mais arrête de me tripoter, tu me fais faire des ratures ! Y’en a marre ! Recule, Bon Dieu !

Mamour (commençant à pleurnicher ) : T’es toujours comme ça, avec moi, tu ne veux jamais que je te touche, tu me repousses tout le temps.

Xavier : Mais tu es chiante, tu comprends, ça ? Toujours sur mon dos, toujours à m’asticoter, là, ça m’énerve, voilà, t’es contente ?!

Mamour (pleurant pour de bon, cette fois, redoublant de caresse) : Mais qu’est-ce que j’ai fait de mal ?

Xavier : Et c’est reparti… Mais qu’est-ce que j’ai fait !!!

Mamour : Tu voudrais que je sois plus tendre ? Plus présente, c’est ça ? Ou tu préfères que je me mette là, dans un coin, et que je te regarde travailler ?

Xavier : Je n’aime pas qu’on me regarde quand je travaille…

Mamour : Je… Je pourrais me mettre à côté de toi, contre toi ? Je ne bougerais pas, je ne te dérangerais pas…


Jalouse entre brusquement.


Jalouse : J’en étais sûre ! J’étais certaine que je la trouverais là, celle-là !

Mamour : Et alors ? J’ai le droit…

Jalouse (à Xavier) : Tu l’as embrassée, c’est ça ?

Xavier : Mais non…

Jalouse : Avoue ! De toutes façons, je le saurai.

Mamour : Il ne m’a pas embrassée.

Jalouse : Toi, je ne te parle pas ! ( à Xavier :) Tu me réponds !?

Xavier ( fatigué ) : Je te dis que non…

Jalouse : Allez, c’est bon, je suis sûre que tu l’as embrassée, ça se voit à ta tête.

Xavier : J’ai une tête spéciale quand j’embrasse ?

Jalouse : Parfaitement ! T’as la tête du type pas fier parce qu’il en a embrassé une autre ! Et la godiche, là, elle est toute contente d’elle.

Mamour : Non, mais dis-donc, godiche toi-même ; ce n’est pas du tout ce qui s’est passé… Tu racontes n’importe quoi et t’écoutes rien de ce qu’on dit !


Un jeu va commencer où Jalouse va s’avancer vers Mamour qui elle va reculer. Elles vont tourner autour du bureau, de Xavier ( qui en a ras la casquette ), et dans toute la salle…


Jalouse : Toi, tu la fermes, ok, tu n’as rien à dire, tu l’embrasses dans mon dos, alors si tu crois que je vais t’écouter, tu te goures !

Mamour : Tiens ! Qu’est-ce que je disais… Alors, déjà, je fais ce que je veux, ensuite…

Jalouse : Tu ne fais rien du tout ce que tu veux avec lui, d’accord ? Tu n’as pas à le toucher ou à l’embrasser.

Mamour : Mais pour qui tu te prends ?

Jalouse : Et pis d’abord, tu n’as rien à faire dans son bureau, alors tu dégages ! Allez, fous le camp !

Mamour : Tu y es bien, dans son bureau, toi…

Jalouse : Attends ! Tu ne me dis pas ce que j’ai à faire ni où je dois aller, ok !?

Xavier : S’il vous plaît ! Serait-il possible que vous alliez hurler ailleurs ?

Jalouse : Voilà ! T’es toujours en train de la défendre celle-là, la chouchoute, là…

Mamour : Normal, quand on t’entend, on n'a pas envie de prendre ton parti, tiens…

Xavier : Je vous demande s’il vous est possible de quitter les lieus !

Jalouse : Tu veux que je t’en foute une, c’est ça ?

Mamour : Mais pourquoi tu me détestes comme ça, je ne t’ai rien fait, moi…

Jalouse : Oui alors, n’essaye pas de m’amadouer avec tes jérémiades, c’est pas la peine !

Mamour : T’es qu’une brute, voilà, moi au moins, je suis tendre et gentille…


Xavier s’est assis de désespoir pendant les quatre dernières répliques. Il reprend soudain du poil de la bête, se lève en vu de mettre fin à ce cinéma quand Curieuse entre, ce qui lui coupe ses effets.


Xavier : C’est pas vrai, ça continue…

Curieuse : Vous êtes là !? Qu’est-ce qu’il y a ?

Jalouse : Dîtes… Vous allez toutes venir lui tourner autour comme ça ? Vous n’avez rien d’autre à faire ?

Xavier : Bon. S’il vous plaît…

Curieuse : Qu’est-ce qui s’est passé ? C’est qui qui a commencé ?

Mamour ( à Jalouse ) : Mais fiche-lui la paix ! Tu n’en as pas assez d’être toujours sur notre dos ?

Curieuse : Dîtes-moi ! Il y en a une qui a fait quelque chose qui ne fallait pas ? Une bêtise ? C’est laquelle ?

Jalouse : Si je n’étais pas sur votre dos, tu serais tout le temps à le faire suer avec tes papouilles exaspérantes.

Mamour : Ce n’est pas vrai, il adore ça !

Jalouse : On ne dirait pas… T’as vu sa tête ?

Xavier : C’est possible que vous partiez gentiment ou il faut que je me fâche ?

Jalouse : Tiens ! Tu vois que tu lui tapes sur les nerfs !

Mamour : Mais pas du tout, il était très content avant que tu ne viennes hurler…

Curieuse : J’ai compris ! C’est comme la dernière fois, c’est ça ? Tu lui fais des câlins et elle n’aime pas ça, c’est ça ?

Mamour : Oui, moi je le détends et elle, elle le stresse !

Jalouse : Moi ! Je serais très calme si tu restais dans ton coin, tu n’as rien à faire là !

Xavier : Je vous fous dehors à coup de tartes dans la gueule si vous ne partez pas !

Mamour : Je peux être là autant que toi si je veux, je ne vois pas ce qui m’en empêche !

Jalouse : Tu vas le recevoir dans ton nez, ce qui t’en empêche, si tu continues !

Curieuse : Oui, je suis sûre que c’est ça. J’aurais dû m’en douter, c’est toujours la même chose avec ces deux là… (à Xavier :) Moi, ça ne me gêne pas qu’elle te tripote, si ça l’amuse… C’est ça, hein ? Elle te tripotait ?



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