Extraits
d'Un Monde Rêvé
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1. Le chœur des rêveurs
Imaginons.
Imaginons…
Inventons
Créons
Rêvons
Imaginons
Un monde qui ne serait pas le nôtre
Un monde qui ne vivrait pas comme le nôtre
Un monde différent
Qui n’aurait rien à voir avec ce que nous connaissons
Dans l’hémisphère Sud, dans l’hémisphère Nord
Un monde qui auraient d’autres mœurs
D’autres coutumes
Ni occidentale, ni orientale
Un monde que l’on n’aurait jamais vu
Jamais imaginé
Un nouveau monde !
Imaginons…
Un monde qui…
Qui…
Un monde…
Oui…
Imaginons un monde…
Oui, imaginons…
Il…
Il aurait…
Il serait…
On peut tout de même bien imaginer un monde différent !
On peut concevoir la différence !
Ne pas se borner à ce que l’on sait !
Reprenons.
Imaginons…
Un monde…
Un monde où il n’y aurait pas de vraie liberté !
Un monde où l’on semblerait seulement libre !
Un monde où l’on ne pourrait pas penser ce que l’on veut !
Où il faudrait prendre garde à ce qu’on dit
Ne pas vexer ne pas offenser ne pas juger ne pas remettre en cause
Un monde où l’on serait épié sans cesse
Avec des caméras
Partout
A chaque coin de rue
Un monde où les communications seraient surveillées
Où l’on ne pourrait rien garder secret
Un monde où l’on serait catalogué
Répertorié
Dans des petites cases
Dans des dossiers
Où l’on pourrait nous suivre à la trace
Nos achats
Nos sorties
Nos envies
Nos centres d’intérêt
Où on laisserait un petit bout de nous partout où l’on passe
Avec des caméras
Des cartes de paiement
Des feuilles à signer
Des papiers
On serait consigné, trié, rangé, étiqueté !
Imaginons…
2.
Interviewer : Il semble que, de plus en plus, nous cherchons à surveiller les faits et gestes de chacun. Est-ce que cela, à la longue, ne finira pas par devenir étouffant, inhibiteur ?
Sociologue : Non. Voyez-vous, la conscience intra-sensorielle du moi…
Interviewer : Excusez-moi, je vous coupe… On est à une heure de grande écoute… Si tout le monde pouvait comprendre vos mots…
Sociologue : Oui, bien sûr, pardon… Comment dire… Faisons simple… Voyez-vous ces émissions de télé-réalité, n’est-ce pas, où l’on est filmé 24 heures sur 24.
Interviewer : Ah ! Oui, alors ça, très bien !
Sociologue : Eh ! Bien, n’est-ce pas, au début, il y a une gêne, voyez-vous ? Mais après un temps, bien sûr, on s’habitue à cet état de fait. Et ensuite, les sujets continuent à vivre leur vie normalement, n’est-ce pas… Pour eux, la caméra n’est plus là. On peut surveiller sans perturber, voyez-vous ?
Interviewer : Je résume pour les téléspectateurs qui nous prendraient en cour de route. Vous dîtes que la surveillance ne gêne pas du moment que l’on s’habitue ?
Sociologue : C’est résumé, n’est-ce pas ? Mais c’est tout à fait ça.
Interviewer : Mais alors, on aurait tendance à se demander si la prévention ne serait pas suffisante, non ?
Sociologue : Non, non, non, non, non ! Surtout pas ! La prévention ne marche pas ! L’esprit rédhibitoire, la tendance spontanée à l’affrontement…
Interviewer : Des mots simples, s’il vous plaît…
Sociologue : Oui, bien sûr… Comment dire… Non… Voyez-vous, l’humain aime faire le contraire de ce qu’on lui dit. La prévention, non, n’est-ce pas.
Interviewer : Pourtant, cela fonctionne. Le nombre de morts sur les routes diminue depuis que l’on explique que la vitesse ou l’alcool au volant tue.
Sociologue : Ahahaha, oui, oui, oui, vous essayez de me piéger !
Interviewer : Ah ! Mais pas du tout !
Sociologue : Si, si, je vois où vous voulez en venir.
Interviewer : Ah ! Mais non, mais non, mais non.
Sociologue : Mais si, mais si. Ce n’est pas la prévention qui fait diminuer le nombre de morts sur la route, voyez-vous ?
Interviewer : Pourtant, il me semblait… Mais là… C’est particulièrement intéressant ce que vous me dîtes et je résume pour ceux qui nous rejoindraient : ce n’est pas la prévention qui limiterait le nombre de mort sur la route. Mais donc, qu’est-ce que ce serait ?
Sociologue : Comment dire… C’est la surveillance, voyez-vous. Les contrôles, les radars… La peur d’être pris, n’est-ce pas.
Interviewer : Donc là, vous êtes en train de dire et je le rappelle pour ceux qui viennent d’arriver, la surveillance est bonne.
Sociologue : Bien sûr ! Les gens fument, boivent, en sachant que c’est mauvais, voyez-vous. Mais comment dire… Se savoir surveillé incite à bien faire. Il n’y a qu’à voir la diminution des mauvaises actions dans les galeries commerciales depuis l’installation de caméras, n’est-ce pas ? Compendieusement, le besoin intrinsèque de perfection…
Interviewer : Oui, oui, je vous coupe. C’est incroyablement captivant tout ce que vous dîtes, mais la pub arrive… On se retrouve juste après.
Noir
3. Le chœur des râleurs
Comme ce n'est pas agréable de lire des kilomètres de pages sur internet, vous pouvez télécharger le début de la pièce en cliquant ICI ou me demander le texte avec le formulaire de contact (en précisant le titre de la pièce, est-ce utile de le notifier ?)